[ No One Is Innocent ]


Utopia (Island)
(F440 n°9 - avril 97)

Qu'ont-ils fait pendant ces trois dernières années? On the road, que ce soit en Europe (avec les Young Gods) ou en Amérique du Sud, et bien sur en France. Si leur passage en première partie des Red Hot en juillet dernier ne leur a pas valu que des louanges, ce deuxième album tombe à pic, et risque de regonfler leur capital-confiance auprès de l'amicale des explosés du tympan et des headbangers réunis. Aux manettes, monsieur Ulrich Wild (c'est son vrai nom?), vulcanologue déja crédité sur des pochettes de Prong ou de Pantera, et qui retranscrit la spectaculaire maturation de No One is Innocent, qui la canalise et en même temps la magnifie. Outre le travail sur les guitares et autres enluminures soniques, Utopia est une enfilade de compositions très structurées, qui conservent un pouvoir incendiaire irreprochable: Le groupe et leur producteur atteignent un équilibre qui renvoie le premier album au rebut, vite fait bien fait. L'ennui, c'est que Kmar et ses tueurs ont découvert les textes de Maurice Dantec, et ont décidé d'en reprendre les passages les plus visionnaires. On apprend ainsi que "nous vivons dans un monde dont on ne s'évade pas", que les "politiques n'ont plus que le pouvoir de nuire", ou que "le cerveau est une interface neurologique". Sans-dé-con-ner?! Notre époque ne donne pas envie de rire tous les jours, et la révolte des No One se justifie très facilement. Mais cette idée de changer le monde à grands coups de slogans entendus à l'apéro du Café des Sports obéit à une stratégie décidément peu révolutionnaire.